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             LES CONFESSIONS DE M me ARTHUS               353

    Jusqu'alors, j'avais laissé la parole à Mme Arthus, et,
 comme on l'a vu, elle avait parfaitement suffi aux frais de
l'entretien ; mais c'était à mon tour de parler. Franchissant
les trois marches du perron, nous entrons dans la salle à
manger où des biscuits sont servis, accompagnés d'une
bouteille de ce vin d'Anjou dont les gouttes d'or pâle s'épa-
nouissent en fusées dans les verres.
    « Madame, lui dis-je, en touchant son verre avec le
mien, vous m'avez demandé ce que je pensais de vous. Tout
 d'abord, je pense que la vie solitaire et contemplative n'est
 pas votre fait. Si je devine juste, vous lisez peu; votre
 confession — car c'en est une — n'est pas celle d'une liseuse
 de romans.
    — Je ne lis pas, je tricote.
    — Et moi, je vous en félicite. L'heure est venue, je
crois, de vous ressaisir et d'ordonner résolument votre
existence. Si., en effet, vous ne lisez pas de romans, vous
n'en auriez pas moins une tendance dangereuse à en
faire.
   — Ho! Monsieur...
   — Un roman dans la vie, c'est permis, à condition qu'il
soit à un seul exemplaire et que, bien entendu, le. dénoue-
ment puisse en être lu à haute voix. Cependant, permettez-
moi de vous rappeler qu'en vous remariant — le principe
d'un nouveau mariage étant, d'ores et déjà, hors de discus-
sion entre nous — vous ne disposez pas de vous seule,
mais de vos deux enfants. Il importe qu'une seconde union
leur soit à profit et non à préjudice.
   — Comment l'entendez-vous? interroge-t-elle vive-
ment.
   — Par préjudice éventuel, je n'entends point les frères
ou sœurs que vous pourrez donner à ces chers mignons :