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342             ÉTUDES SUR QUELQUES ANNEES

 posa de la placer à Avignon, terre papale. Tous les autres
 conclurent à ce qu'elle fût reléguée en Toscane, et le roi
 donna le sceau de son approbation à cette décision. Ne vou-
lant pas s'y soumettre, Marie resta donc en Angleterre tant
que les affaires de Charles I er le lui permirent ; elle se réfugia
ensuite à Cologne où elle mourut le 3 juillet 1642, réduite
à une sorte de misère. On montre encore en cette ville,
paraît-il, le galetas où elle termina ses jours à l'âge de
69 ans. Caractère faible, hautain, brouillon, elle fut assu-
rément l'artisan de ses propres malheurs, mais que de
circonstances atténuantes il y a dans l'histoire de sa vie.
Elle avait été élevée dans une cour italienne ; son mari
l'avait traitée avec un rare sans-façon : l'étrangeté de leur
première entrevue à Lyon est célèbre, et l'on reste étonné
que d'une telle union ait pu naître le chaste Louis XIII.
Puis enfin, Marie était la mère du roi qui devait avoir pour
elle plus de respect ; elle avait été la bienfaitrice de Riche-
lieu, qui aurait dû s'en souvenir.
   Lorsqu'on arrêta la reine mère à Compiègne, le cardinal
de Richelieu, par un aveuglement assez ordinaire aux gens
en faveur, fit insérer, de lui-même, dans la dépêche lancée
dans le public à ce sujet, que l'emprisonnement de la reine-
mère venait du refus qu'elle avait fait de le recevoir en ses
bonnes grâces. Il s'aperçut, mais trop tard, de l'inconve-
nance d'une telle déclaration ; il la fit supprimer lorsqu'on
en avait déjà distribué près de deux mille exemplaires.
  Pendant que Marie de Médicis cherchait un refuge en
Flandre, Gaston d'Orléans en trouvait un en Lorraine,
Richelieu était donc débarrassé de ses deux plus dangereux
adversaires. Il eût sans doute été sage alors de laisser s'as-
soupir les haines en ménageant les partisans de la mère et
du fils. Non seulement le cardinal ne le fit pas, mais il tra-