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194                           PHILIPPINE WELSER

Dieu ; elle murmurait à voix basse des prières comme celle-
ci : « Seigneur, j'ai péché contre le ciel et contre vous, je
ne suis pas digne d'être appelée votre enfant. » Tenant à la
main une croix indulgenciée, présent du pape, elle pensait
au bon larron. Comme elle regardait en haut en souriant,
Ferdinand lui en demanda la cause, et elle lui répondit :
« Je vois quelque chose qui me réjouit. »
    Cependant un grand nombre de personnes s'étaient réunies
autour de son lit. On l'engageait à ne pas parler à cause de
son extrême faiblesse, mais elle ne pouvait s'empêcher de
dire à chacun un mot aimable. Elle tendait la main à tous,
sans distinction de rang, et les chargeait d'un salut amical
pour les absents. Elle adressa encore une fois la parole à
l'archiduc, le considéra avec affection et lui tendit la main
droite.
    Lorsque sa dernière heure fut venue, le duc de Bavière
alluma un cierge et le tint près de la mourante. Philippine
conservait encore sa pleine connaissance; elle dit au duc
avec une attention délicate : « Votre Dilection se fatigue. »
Quelques instants après, elle baisa le crucifix et promit à
tous un pieux souvenir, si elle avait la grâce d'aller au ciel.
On l'entendit encore prononcer ces mots : « Je serai bientôt
auprès de vous; » puis elle s'endormit lentement et mourut.
Tous ceux qui l'entouraient étaient vivement impressionnés,
et le profond silence qui régnait n'était interrompu que par
les sanglots des assistants (14).
   Le 25 avril 1580, l'archiduc publia un édit, pour annon-
cer à tous ses sujets la mort de « haute princesse et dame
Philippine ». Un deuil général fut prescrit. La nouvelle de
la mort fut donnée, du haut de la chaire, dans toutes les

  (14) H I R N . II,   340.