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190 PHILIPPINE WELSER les dames, car Philippine gagna la coupe et sa tante Loxan l'anneau. C'était en 1576, dix-neuf ans après le mariage, que le pape avait accordé la dispense du secret dont il a été parlé plus haut. Il est à remarquer que, même avant cette date, mais surtout après, Philippine entretint des relations ami- cales avec des personnages princiers. Cependant, parmi les sœurs de Ferdinand, Magdeleine et Hélène furent les seules qui se mirent au-dessus des scrupules inspirés par un mariage dont elles connaissaient l'existence, mais qui était disproportionné, et entretinrent des rapports de parenté avec leur bourgeoise belle-sœur. Lorsqu'elles se rendirent à Innsbruck et y tinrent leur Cour, Philippine vint d'Am- bras pour les voir et dîner avec elles (23 novembre 1568). Ce rapprochement familier déterminera même un ambas- sadeur vénitien (9), à abandonner l'opinion commune, et à penser que de semblables relations n'étaient possibles que si Philippine était autre chose qu'une simple concubine de l'archiduc. Les années'suivantes, une correspondance fut échangée entre Philippine etT archiduchesse Magdeleine. Philippine eut également des relations d'amitié avec le duc Alphonse de Ferrare. Elle lui envoya, à diverses reprises, des produits de son art culinaire, entre autres de petits tonneaux de confitures de raisin ; et le duc lui fit remettre, en échange, une paire de beaux chiens. Le duc lui donna encore, d'après Montaigne qui les vit, deux bœufs d'une grandeur inusitée, gris et à tète blanche (10). (9) J. Michiel. (10) Elle était aussi considérée, à la Cour de France, comme étant la femme légitime de l'archiduc. (Journal du Voyage de Montaigne I. 166.)