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I50 ÉPISODES DU SIÈGE DE LYON EN I 7 9 3 d'exécution est du même jour, une heure après-midi. Ses derniers adieux à son « cher et malheureux enfant », ont probablement été écrits pendant l'appel à l'échafaud, car l'écriture irrégulière paraît être d'une main tremblante. La lettre était renfermée dans un petit portefeuille noir, en basane très souple, de 12 centimètres de long sur 8 de large. Le papier jauni par le temps est des plus vulgaires. Ce portefeuille contenait, en outre, une mèche de ses beaux cheveux blonds et son anneau nuptial. Nous avons le bonheur de posséder encore cette lettre, véritable relique pour notre famille. 12 Février. « J'ignore, mon fils, quel sera mon sort, je viens de comparaître devant le tribunal des hommes, après trois semaines de détention, je te l'ai caché, pour ne pas t'affli- ger, mais dans l'incertitude où je suis de mon existence à venir, je veux te donner mes derniers moments à toi, et à mon Dieu. Je me résigne à tout, mon fils, Dieu est le maître de ma destinée, je redoute davantage son tribunal, mais j'espère qu'il agréera ma résignation et ma soumission. Je n'ai qu'un regret si je perds la vie; c'est toi, mon fils, qui m'y attaches et qui me la fais regretter, j'avoue que j'ai de la peine à rompre ce dernier lien que je chéris si ten- drement. « Mon enfant, je te laisse sur une mer bien orageuse, conduis-toi avec prudence; que la religion, l'honneur, soient toujours la base de ta conduite. N'oublie jamais ton vertueux, digne et excellent père, la tendre mère qui t'aime autant qu'il est possible de chérir un enfant, qui devait faire le bonheur de notre vie; mais Dieu ne l'a pas pensé