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D'UNE FAMILLE BOURGEOISE 75 torien, l'économiste peut, au contraire, le consulter avec fruit et en tirer de curieux rapprochements avec les faits contemporains. Et tous ceux, qui s'attachent à l'étude des moeurs, peuvent de même lui emprunter d'utiles renseigne- ments sur la vie d'une modeste famille bourgeoise du siècle dernier. Et d'abord, nous y voyons que rien ne ressemble moins à nos habitude de voyage que la vie calme et sédentaire de cette époque. Les voyages sont longs et pénibles; les com- munications difficiles. Aussi, ne quitte-t-on guère ses foyers que pour des raisons majeures. Pendant les quinze années que remplit notre livre de raison, il n'est lait men- tion que de trois voyages accomplis, suivant toute vrai- semblance, par Antoine-Esprit Bienvenu, pour les néces- sités de sa charge, l'un à Montpellier où il dut séjourner pendant douze jours, et les deux autres à Privas. Le premier, qui eut lieu au mois de mai 1765, est men- tionné de la manière suivante : Dépense faite dans mon voyage de Montpellier, tant pour la dé- pense faitte en routte que pendant douze jours que j'ay séjourné à Montpellier, perruquier, étrennes aux domestiques, soixante-onze livres, cy 71 livres Plus payé à Sotison pour le loyer de son cheval, pour 20 jours à 20 sous, la somme de 20 Total. . • . 91 livres Ce qui nous apprend notamment qu'à la fin du siècle dernier, on ne voyageait encore qu'à cheval et que le trajet de Tournon à Montpellier durait quatre jours. Moins long et moins coûteux, bien entendu, sont les deux voyages faits à Privas, mais c'est encore à cheval qu'il se rend de Tournon dans cette ville.