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66 HISTOIRE DE LA MONARCHIE DE JUILLET Les troubles augmentant au lieu de diminuer et des bar- ricades commençant à s'élever, le gouvernement en revint à l'idée de la répression. L'armée de Paris était alors com- mandée par le général Tiburce Sébastiani, officier brave et dévoué, mais sans grand prestige; et la garde nationale, par le général Jacqueminot, qui ne pouvait sortir de sa chambre, ni même se lever de sa chaise longue (15). On songea au maréchal Bugeaud, mais on craignit de blesser les deux titulaires et de se donner un collaborateur encom- brant; rien ne semblait presser d'ailleurs : la nomination fut différée. Le soir, toutefois, la ville fut occupée mili- tairement (16). Le 23 février, de bonne heure, les troupes reprirent leurs positions de la veille. On continuait à penser que tout était fini et quelques députés conservateurs exprimaient même le regret que le désordre n'eût pas duré assez longtemps pour effrayer les intérêts et donner au pouvoir la force donr il avait besoin. Cependant l'émeute continuait sur plusieurs points, mais sans grand succès, et elle aurait peut-être fini par disparaître, sans l'intervention malheureuse de la garde nationale. Convoquée afin de soutenir l'armée et de lui donner au moins un appui moral, elle se mit à manifester en faveur de la réforme. Elle était bien loin de vouloir ren- verser le roi; mais le croyant inébranlable, elle voulait, comme disait M. Thiers, lui donner une leçon. A la première nouvelle de cette défection, le général Jacqueminot se contenta de nier le fait. « C'est impossible, s'écria-t-il, c'est impossible ; la garde nationale est fidèle, (11) P. 401, 402, 428, 435. (16) P. 429- 43°-