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HISTOIRE DE LA MONARCHIE DE JUILLET 63 Personne alors ne croyait qu'une révolution fût possible. Le roi, voyant reculer l'opposition, se montrait plein de confiance. L'ambassadeur d'Angleterre, lord Normanby, étant venu le voir, il lui cria du plus loin qu'il l'aperçut : « Vous le savez, tout est fini; j'étais bien sûr qu'ils reculeraient! » De môme, à l'un de ses ministres, M. de Salvandy : « Eh bien ! Salvandy, vous disiez hier que nous étions sur un volcan ; il est beau votre volcan ! Ils renoncent au banquet; mon cher! Je vous avais bien dit que tout cela s'évanouirait en fumée. » Il répétait volontiers : « C'est une vraie journée des dupes (6). » A M. de Ram- buteau qui lui apportait des nouvelles inquiétantes, particu- lièrement de l'état d'esprit de la garde nationale, il répondait : « Mon cher préfet, dans huit jours vous serez honteux des sottes peurs qu'on vous a inspirées et que je ne puis partager en aucune façon (7). » Enfin le roi disait plaisamment que les Parisiens n'avaient pas l'habitude de faire des révolutions en hiver (8). M. ïhiers avait la même confiance. A M. de Falloux qui s'alarmait, il répondait en haussant les épaules : « Une révolution ! une révolution ! On voit bien que vous êtes étranger au gouvernement et que vous ne connaissez pas ses forces. Moi, je les connais; elles sont dix fois supé- rieures à toute émeute possible. Avec quelques milliers d'hommes sous la main de mon ami le maréchal Bugeaud, je répondrais de tout. Tenez, mon cher monsieur de Falloux, pardonnez-moi de vous le dire avec une fran- chise qui ne peut vous blesser, la restauration n'est morte (6) P. 420. (7) P- 404. (8) P. 451.