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54                   LES DÉMÊLÉS DE SOULAVIE

dit que rien ne sera capable d'abattre son courage et qu'on
s'attende à trouver en lui une résistance qui durera toute
sa vie. Notre naturaliste avait trouvé en lui-même le vrai
refuge contre les persécutions auxquelles tous les esprits
supérieurs sont en butte, la vraie compensation aux petites
misères inséparables de toute société humaine. Cette con-
solation n'est autre que la satisfaction intérieure que donne
la découverte d'une vérité utile ou l'accomplissement d'un
devoir rempli. Parlant des savants d'autrefois qui furent
persécutés, il dit :
   « Plus ils éprouvaient d'obstacles et plus ils s'élevaient
contre l'infortune. Le sentiment d'une telle persuasion et
 d'uue fierté si énergique est bien plus satisfaisant que les
 suffrages du moment dont on ne peut disposer, et qui ne
 sont recherchés que par le vulgaire des écrivains qui n'ont
pas d'autres jouissances (14).

   Etranger aux sciences naturelles, Barruel ne pouvait
apprécier la valeur des recherches de Soulavie. Il était
d'ailleurs prévenu contre son compatriote, dont il connais-
sait les relations avec les philosophes du temps, et en qui
il ne pouvait voir qu'un révolté, un traître faisant le jeu des
ennemis de la religion. Qu'on joigne à cela le caractère
exclusif de ses opinions, son tempérament passionné, son
ardeur militante, et l'on comprendra aisément la vivacité de
ses attaques contre Soulavie. Son excuse est dans sa parfaite
bonne foi et dans la pureté de ses intentions, qui ne sau-
raient être mises en doute. Rien n'autorise, d'autre part, à
suspecter la sincérité de Soulavie quand il affirmait que,
dans ses études scientifiques, il n'était mû par aucune pensée


     (14) Idem, IV, 28.