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                      AVEC LJABBÉ DE BARRUEL                           39
    20 décembre 1783. M. l'abbé Giraud-Soulavie, prêtre du diocèse de
 Viviers, est un jeune physicien auteur d'un ouvrage intitulé : Histoire
naturelle de la France Méridionale. Ce livre, ancien déjà, fut, à son ori-
 gine, accueilli par l'Académie des sciences; il obtint son approbation,
 et comme S. M. a concédé à cette compagnie la permission de publier
 en son nom ses propres ouvrages et ceux qu'elle adopterait, elle per-
mit à l'auteur de jouir de ce privilège. L'Académie des inscriptions et
 belles lettres, qui avait proposé aux savants et aux naturalistes des
recherches sur les antiques limites de nos mers, honora celui-ci du
titre de son correspondant. Les académies de Marseille, Dijon, Pau, la
Rochelle, Châlons, Metz, Nîmes, Angers, se l'associèrent. Un censeur
royal, nommé par l'administration, examina le livre de nouveau. On
reconnut son utilité et son orthodoxie authemiquement et légalement.
 Le souverain, après une discussion ultérieure faite par l'ordre du mi-
nistre, daigna en accepter l'hommage. — Cependant, un M. Barruel
prêtre du même diocèse, l'un des auteurs de l'Année littéraire, après
avoir été l'ami et le confident de son confrère, l'abbé Soulavie, l'a
attaqué comme un hérétique, un impie et un athée ; il a porté sa
première accusation contre lui dans une espèce de journal périodique
répandu en Vivarais, leur patrie commune, sous le titre des Helviennes,
 destiné spécialement, ce semble, à défendre la religion contre les livres
hétérodoxes. Non content de cette première escarmouche, il lui a livré
un combat plus direct et plus en règle dans un pamphlet ad hoc, qu'il
a nommé dérisoirement Genèse selon M, Soulavie, où, entre autres
choses, il lui fait un crime d'avoir observé dans les montagnes du
Vivarais des couches de coquillages pétrifiés avant les couches de plantes
pétrifiées, tandis que Moïse dit les coquilles créées après les plantes; et
il part de là pour le dénoncer à la Sorbonne comme un philosophe
audacieux, digne delà censure, pour lui prodiguer les qualifications les
plus injurieuses et les plus atroces. — M. Barruel a si bien fait, il s'est
tellement acharné contre M. l'abbé Soulavie, qu'il est parvenu à l'em-
pêcher d'obtenir un canonicat de Viviers, d'avoir des lettres de grand
vicaire, de prêcher devant le roi un sermon agréé, qu'il a fait suspendre
les bienfaits du clergé envers ce membre si estimé, et qu'il est parvenu,
sinon à le perdre tout à fait, au moins à le mettre dans le cas de se
justifier. La patience de M. l'abbé Soulavie s'est lassée enfin, et il a
attaqué au criminel son calomniateur. L'affaire est actuellement en ins-