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i6 LE TIERS-ORDRE maître de la maison le fit enlever et porter au cimetière. Le même jour, ceux qui avaient effectué le transport se trouvèrent atteints de la maladie contagieuse ; et, avant qu'elle fût reconnue, tous les voisins de la maison l'avaient gagnée. Aussitôt que cette nouvelle fut parvenue aux oreilles des commissaires de santé, ceux-ci s'empressèrent d'envoyer aux malades plusieurs Capucins accompagnés d'un chirur- gien, et leurs firent tenir tous les vivres nécessaires pour les empêcher de communiquer avec la ville. Mais l'amour du gain rendit ces précautions inutiles ; les habitants de la Guillotière allèrent pendant la nuit prendre des denrées à Vaux pour les porter le jour aux marchés de Lyon. Le faubourg fut bientôt complètement infecté. Les Franciscains du Tiers-Ordre ne furent pas épargnés. Ils eurent aussitôt recours au ciel: le 10 novembre 1628, ils faisaient selennellement à Dieu le vœu d'aller proces- sionnellement à la chapelle de Saint-Roch (1), hors l'en- ceinte de Lyon, d'y offrir deux cierges d'une livre chacun, d'y célébrer les saints mystères et pendant un an d'aller tous les jours, après leurs vêpres, dans la chapelle de la Sainte Vierge, qui est dans leur église y chanter ses lita- nies, s'il plaît à Dieu faire cesser le fléau de la peste qui les afflige et guérir leurs confrères qui en sont frappés. Nous ignorons ce qu'il advint de ce vœu, nous savons seulement que la peste continua de sévir jusqu'en 1629. Après cette épreuve, la vie religieuse reprit avec plus de vigueur au couvent du Tiers-Ordre, et les religieux eurent (1) La chapelle de Saint-Roch était sur la colline de Saint-Just et desservie par les Minimes. Les églises, le Consulat, plusieurs associa- tions de la ville s'y rendaient en leur temps en procession.