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482              LES BIBLIOTHÈQUES DE LYON

jovial sans trivialité, fidèle dans sa ligne politique
 comme dans ses amitiés, et ce qui le distinguait surtout
 des hommes d'à présent, et ce qui le rejetait peut-être dans
 les rangs d'une génération oubliée, c'est qu'il était sans
 ambition d'honneurs, sans avidité de richesses.
    « Sans fuir le monde qui l'accueillait avec bonheur, M. de
Montherot ne craignait la vie d'intérieur ni à la ville, ni à
la campagne. Il avait une galerie de tableaux bien choisie
et une bibliothèque riche et formée avec goût. Il lisait, se
tenait au courant de la littérature du jour, mais il préfé-
rait les grands écrivains du siècle passé à tous les Sue et à
tous les Soulié de son temps. Son amour des livres ne se
bornait pas là. Pour reposer son esprit, sans se séparer de
ses chers volumes, il avait appris l'art difficile de relier,
et s'il ne rivalisait pas avec les Bruyère et les Bauzonnet,
il n'en était pas moins un relieur fort présentable.
   « Aujourd'hui le souvenir de M. de Montherot est entouré-
de respect et d'estime, et qui sait si cette méfiance de lui-
même, cette modestie si digne et si calme ne le grandis-
sent pas plus que ne l'eût fait le gouvernement même
habile de notre chère et malheureuse cité.
   « La loi qui protège les intérêts des enfants mineurs a
obligé la famille de M. de Montherot à disperser la collec-
tion de tableaux qui faisaient sa joie et sa bibliothèque
qui faisait son bonheur. On remarquait de bonnes toiles
dans la première, d'excellents livres et des manuscrits du
plus haut prix dans la seconde. »
   La bibliothèque composée de 1,387 numéros a été
vendue à Lyon, le 20 janvier 1873. Dans sa galerie de
tableaux en comptait 48 toiles des écoles flamandes,
allemandes et hollandaises, 33 de l'école française et de
magnifiques gravures.
                                        Léopold NIEPCE.
      (A continuer.)