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LES BIBLIOTHÈQUES DE LTON 465 M. Coste était Lyonnais ; il vit le jour dans notre ville le 2 juin 1784, et appartenait à une famille qui avait occupé des charges dans la magistrature. Son père voulut aussi qu'il fît partie de la grande famille judiciaire et lui fit suivre, à Paris, les cours de la Faculté de droit ; mais le goût des lettres et des arts était inné en lui, il les aima dès sa jeunesse, les cultiva déjà sur les bancs de l'école, et il allait publier même une œuvre assez importante, quand sa famille le rappela (1). Un mouvement général entraînait alors tous les esprits vers les lettres. On était au lendemain de la Révolution qui avait fauché tant de savants ; les lettres, les sciences et les arts en deuil, s'étaient cachés : c'était presque un crime que de leur adresser un hommage public, mais le premier consul Bonaparte les appela à lui, les consola et les mit sous sa puissante égide. Le temple des Muses se rouvrit, comme on disait alors, leurs disciples y accoururent en foule, et ce fut une véritable renaissance. Coste, à son retour à Lyon, trouva l'Académie rouverte aussi par le préfet Verninac, mais c'est un sanctuaire dans lequel ne pénètrent que quelques privilégiés et dont les cheveux ont blanchi. Coste était jeune, ardent, com- municatif; — pour parler de lettres et d'arts, il ne voulut pas attendre que son tour fût venu d'entrer dans ce c é - nacle dont peut-être même les portes ne se fussent jamais (1) Etant étudiant en droit, à Paris, il avait écrit un drame tiré de l'histoire de Russie. L'ouvrage allait être reçu, quand lui-même fut rappelé à Lyon. Quelques mois après, son œuvre était jouée sous le nom et au bénéfice d'un de ces flibustiers littéraires qui abondent dans les grandes villes. M. Coste protesta timidement, mais il allait entrer dans une carrière qui s'accommode peu des pièces de théâtre. Il prit le parti de se laisser dépouiller sans faire de bruit.