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HH NÉCROLOGIE. Les écrits concernant la géographie tiennent naturelle- ment la place d'honneur dans la bibliothèque de l'éminènt géographe; on'y voit des cartes de toutes les dimensions, de tous les prix ; on y trouve des ouvrages traitant de tous les sujets et dans toutes les langues (un vrai musée de phi- lologue et de bibliophile), les livres les plus précieux et les plus rares ; il y en a qui n'existent dans le monde qu'à deux ou trois exemplaires. M. Jolibois savait dans quelle ville, dans quelle bibliothèque étaient leurs similaires, quels biblio- philes partageaient son bonheur. La bibliothèque de M. Jolibois est son ouvrage, le fruit de ses recherches et de ses économies ; c'est le trésor avec lequel il a passé sa vie, c'est sa fortune, il n'en laisse pas d'autre ; il l'a achetée caisse par caisse, volume par volume pendant un demi-siècle, sur les quais de Lyon et ailleurs, chez tous les libraires, dont il était connu et visité comme de tous les savants. Heureuse la maison des Chartreux de Lyon, à qui il l'a cédée généreusement, il y a seulement quelques années, pour une modique pension viagère ! M. Jolibois n'était pas seulement un savant ; c'était aussi un excellent prêtre. Ces deux titres se rehaussaient en lui d'un mutuel éclat. Il a déclaré maintes fois qu'il avait eu l'intention, parfaitement réalisée, de devenir savant pour donner plus d'autorité à son ministère, et qu'il avait préféré à des études périlleuses pour des esprits ardents la science géographique, qui ne prête guère aux erreurs doctrinales. Son ardeur dans l'étude et dans le ministère, sa réputation, qui s'étendait au loin, et sa longue expérience avaient fondé sur des bases profondes et inébranlables son influence dans sa paroisse. Toutes les révolutions qu'il traversa, et on sait leur nombre, ne portèrent aucune atteinte à sa popularité. Quoique étranger et inhabile à toute intrigue, il avait cepen- dant l'art d'entretenir son autorité par un ton de bonhomie et de familiarité, qui, en même temps, allégeait et affer- missait le joug de la docilité paroissiale, par les larges concessions d'un esprit bienveillant, et quelquefois par une