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                        VICTOR DE LAPRA.DE                         423
      J
    St d'une ferme voix : Partez,- âme chrétienne !
    Lui dit-il ; qu'ici-bas plus rien ne vous retienne ; . •   J
    De cette chair de mort soyez libre à l'instant.
    Éloignez-vous >. Montez ! Votre Dieu vous attend ! »


  C'est ainsi que Pierre expira.



   Cepôëme se termine par un épilogue que je serais tenté
de regarder comme un hors-d'œuvre, s'il ne me rappelait
à moi-même de lointains souvenirs. Il semble que Victor de
Laprade ne puisse quitter son héroïne ; il ne veut se sépa-
rer d'elle que sur la tombe, et c'est avec la reconnaissance
d'un cœur ému qu'il nous apprend que Pernette l'aimait
entre tous les jeunes garçons de son âge et qu'elle fut son
initiatrice dans la grande poésie. Quel poète, grand ou petit,
célèbre ou obscur, n'a pas eu, enfant, sa Pernette ? La
mienne, aussi, me sera toujours chère. Elle avait vingt ans;
j'en avais trois. Nos maisons, s'élevant en face l'une de
l'autre, n'étaient séparées que par la route qui sépare le
bourg. Lorsque, la fenêtre ouverte, elle repassait le linge
que lui apportaient ses pratiques, du bout de son doigt elle
me faisait signe de venir l'écouter. J'accourais, joyeux. Je
m'asseyais a ses pieds et, m'a-t-elle répété souvent, le
regard brillant et étonné, je retenais mes lèVres suspendues
aux siennes pendant qu'elle me racontait le « Petit Poucet, »
le « Chaperon rouge, » tous les contes qu'elle savait et
tous ceux qu'elle racontait si bien. Elle n'eut guère de
temps a consacrer a mon éducation poétique. Un mari
  urvint qui me l'enleva. J'avais a peine six ou sept ans,
mais déjà je rêvais poésie. Elle avait semé dans ma petite
âtnc les germes d'une moisson qui n'est encore, il est vrai,
ni Éfoôrtdsfnte ni précieuse, qui ne le sera jamais peut-être.