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                         LA VALBONE.                      349

pitié? Or escoute ce qui surmonte tout en pitié, et à qui
oyant, combien que tu eusses vn courage d'Hercules, ou de
 quelque Géant impitueux, les cheueux herissonneront de
crainte en la teste. Le père venant pour trouver son enfant,
et ou le voyant tout mort, ou l'estimant emporté par l'eau,
que estoit-ce? le mari sa femme : la femme son mari : le fils
le père : le frère la seur : la seur le frère : le voisin son
voisin. Car le desbordement fut si subit (comme l'ai dit) et
le païs tellement surpris, que plusieurs se cuidans sauuer
demeure.ent par les chemins : beaucoup aussi ne se doutans
et s'asseurans en leurs maisons, en fin furent accablez,
autres aussi, à qui le chemin de sauueté pour auoir esté
obstinez fut clos, Au reste la contenance de ceux mesmes
qui alloyent voir les ruines, estoit pitoyable, soit en déplo-
rant quelque homme de qualité, soit en regrettant quelque
bel édifice, ou lieu de plaisance, soit aussi pour quelque
chose particulière qu'ils voyoyent pour lors ruinée. Cepen-
dant l'action et contenance du peuple, et sa merueiïïeuse
contrition, pour se voir affligé de la main de Dieu, tesmoi-
gnera à tous peuples sa singulière deuotion. Car outre le
deuoir ordinaire pour auoir repentance de ses fautes, fut
célébrée le dimanche après ledit déluge vne procession
générale conduite et menée d'vn merueilleux ordre, y assis-
tant premièrement Monsieur le gouuerneur, puis messieurs
de la Iustice et du Corps de la ville, suiuis de tout le reste
du peuple, auec telle deuotion qu'il n'y auoit celuy qui
pour tesmoigner sa grande affection ne portast son,cierge.
Or Dieu nous face miséricorde, et nous preserue à iamais de
tel péril et danger. »


  Il n'y eut d'égale ou susceptible de pouvoir lui être
comparée que l'inondation du Rhône en 1711. M. de
Montfalcon, dans son Histoire de Lyon, I, 783, en a
donné le récit auquel nous renvoyons le lecteur.
  Ces effrayants cataclysmes n'ont pas été sans influence