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FAMILLES CHEVALERESQUES 333 cours de la première croisade. Après la conquête de Jérusa- lem, loin d'imiter ses compagnons d'armes qui revinrent pour la plupart en Europe, il demeura en Terre-Sainte pour combattre les infidèles. Aussi, après la prise de Cayphas (1100), Godefroy de Bouillon lui remit cette ville en fief, pour le récompenser de ses services. Gaudemar Charpinel essaya de s'y établir et de s'y fortifier. Mais Tancrède, qui avait déjà auparavant essayé, à plusieurs reprises, de s'emparer de cette place, la fit occuper par ses troupes et en chassa Char- pinel qui se retira au château de Saint-Abraham, situé dans les montagnes, du côté de la mer Morte. Après la mort de Godefroy, ce chevalier réclama, devant la haute cour du roi Baudoin, la saisine de son fief, disant qu'il avait reçu Cayphas en don et de la main de Gode- froy, comme la récompense de son service militaire, quam dono et ex manu ducis Godefridi suscepit, ac militari obsequio promeruit. Tancrède refusa d'abord de comparaître devant la haute cour; mais appelé, sur ces entrefaites, au gouvernement de la principauté d'Antioche, à cause de la captivité de Bohé- mond, dont il était l'héritier présomptif, il consentit enfin à remettre Cayphas à Gaudemar Charpinel, qui s'engagea à lui restituer cette place, s'il revenait dans le délai d'un an et trois mois. Mais Gaudemar périt, peu de temps après avoir recouvré ce fief, dans une rencontre avec les Sarrasins de Babylone (1101). Les Charpinel possédèrent pendant plusieurs siècles la seigneurie de Dargoire. C'est ainsi qu'en 1215, Ponce Charpi- nel en était encore co-seigneur avec Artaud de Roussillon et Hugues de Talaru. Cette maison ancienne, fondue au xive siècle dans les Talaru, a donné deux chanoines-comtes à l'Eglise de Lyon : Guillaume en 1193 et le doyen Pierre Bérard en 1226 (1). (1) Le nom de Gaudemar Charpinel, chevalier de la première Croisade, a été singu-