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306 LES BIBLIOTHÈQUES DE LYON une Académie célèbre ; j ' e n contemple, avec chagrin, les débris épars et mutilés, comme mes regards se sont placés douloureusement sur ces ruines accusatrices qui obstruent vos places où s'élevaient autrefois des édifices majes- tueux, — sur vos magnifiques quais si dégradés, — sur vos fontaines, veuves du dieu qui entretenait leurs ondes, et sur vos ateliers renversés ou languissants. » M. Verninac voulait « que les savants, les littérateurs et les artistes donnassent le signal de la reconstruction, qu'ils entendissent, les premiers, les sons de la trompette qui annonce la résurrection (1 ) et se relevassent du tom- beau avant tous autres. » Tout était, en effet, à régé- nérer : commerce, beaux-arts, instruction publique, éta- blissements scientifiques et littéraires, tout avait péri dans la tempête révolutionnaire. La religion même, persécutée, n'osait pas encore rouvrir ses temples dévastés. Mais, comme dit Bossuet, un homme s'était rencontré : cet homme, désigné par la Providence pour accomplir ses grands et mystérieux desseins, se nommait Bonaparte. Vainqueur aux Pyramides, il était rentré en France pour voir tomber le Directoire, haï et méprisé de tous les partis par l'immoralité et l'incapacité des hommes qui le compo- saient ; puis , après avoir écrasé l'Autriche dans les plaines de Marengo, avec la rapidité de la foudre, il était revenu, avec l'auréole de la gloire et du génie, pour prendre de sa main puissante le pouvoir avili par le g o u - vernement révolutionnaire. La France l'avait acclamé ; (1) « Cette espèce de résurrection fut accueillie avec enthousiasme, comme tout ce qui se faisait de bien en France. Alors le génie du mal cessait d'y planer avec ses ailes de feu... » (Histoire de l'Académie de Lyon, par J.-B. Dumas, 1.1, p. 377).