Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                  LES BIBLIOTHÈQUES DE LYON.                        223

M. le docteur Lortet a la pléthore ; de nombreuses collec-
tions restent enfouies dans des caisses parce que son habile
directeur n'a plus un rayon vide, ni un coin disponible.
Et cette regrettable situation n'a d'autre cause que l'im-
prévoyance de l'administration quand elle organisa, dans
l'origine, les divers services du Palais-des-Arts. Elle
oublia alors que, lorsqu'on crée un musée, une bibliothè-
que, il faut penser à l'avenir, c'est-à-dire à ce fait qu'une
collection quelconque ne demeurant jamais stationnaire et
devant nécessairement s'accroître toujours, chaque jour,
sans cesse, il faut lui réserver un espace suffisant pour y
caser ses richesses à mesure qu'elles lui arrivent. Par
suite de cette imprévoyance et par l'absence de tout plan
préconçu, on est arrivé aujourd'hui à cette situation



désormais, les expositions de la Société des Amis-des-Arts dans la
galerie des anciens maîtres dont les œuvres sont si détériorées par
ces exibitions, a présenté un plan d'après lequel on bâtirait au
milieu de la cour du Palais-des-Arts une salle pour ces expositions.
   Si ce projet regrettable venait malheureusement a être réalisé,
notre Palais-des-Arts déjà si défiguré par certains architectes,
achèverait de perdre tout son cachet primitif. Voit-on, en effet, ce
que ressemblerait cette belle et vaste cour, si à son centre on édifiait
une construction, laquelle, malgré tous les ornements dont on la
couvrirait, ressemblerait à une immense boîte posée au milieu de
cette cour ? Nos portiques déjà si sombres seraient dans une obscurité
telle que l'on ne pourrait plus voir, ni lire les inscriptions de nos
monuments, et une affreuse humidité achèverait de détruire ces
monuments déjà si rongés par notre climat destructeur.
   Espérons donc que M. Bernard, qui est un homme de goût, renon-
cera à cette fatale idée contre laquelle tout Lyon protestera aussi. Il
ne manque pas d'espace à Lyon pour faire une salle d'expositions ;
qu'on ne mutile donc pas tout un palais pour des exhibitions momen-
tanées d'oeuvres d'un mérite souvent si douteux.