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LES BIBLIOTHÈQUES DE LYON 213 et où n'arrive d'autre bruit que celui des cris des écoliers qui jouent dans les basses fosses humides, privées d'air, qu'on appelle les cours du collège. Le visiteur s'arrête, malgré lui, à l'entrée de ce long couloir et se demande s'il n'est pas dans un de ces déambulatoires de monastère du xvne siècle, où circulaient silencieusement de pieux reclus, heureux de vivre loin des agitations du monde ; car ces lieux n'ont pas perdu leur cachet primitif, et on s'étonne presque de ne pas voir sortir de l'une des portes des cellules de ce vrai cloître, un Oratorien en prières ; — mais rien n'y indique le vestibule d'une bibliothèque. Les murs de ce long couloir sont nus, sans aucun de ces monuments dont on aime à orner l'antichambre d'une bibliothèque, comme pour indiquer qu'on va entrer dans une galerie consacrée aux Lettres et aux Sciences. Luxe inutile, me dira-t-on, le luxe est proscrit à Lyon (1). Enfin, le voyageur trouve devant lui, au bout de ce corridor, une lourde porte en chêne, noircie aussi par les âges, ayant conservé également le cachet de son temps et au-dessus de laquelle sont écrits ces mots sur une plaque de marbre : BIBLIOTHECAM UTILITATI PUBLICS DEDICAVIT SUAM CIVIT. LUGD. Il est arrivé. — Il est dans la grande salle de la Biblio- thèque. — Là , il peut, jusqu'à un certain point, répéter cette phrase de M. Pericaud, vraie il y a quarante ans et (1) Ce corridor est sombre, long et étroit, mais son tort principal c'est l'existence de deux latrines publiques, toujours béantes, devant lesquelles les lecteurs et les visiteurs doivent nécessairement passer. L'infection est permanente. (Rapport de M.Monfalcon, janvier 1874.)