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174 LES HABITATIONS Qu'ils aient remplacé des habitations construites en cannes, ou qu'ils fussent situés près d'endroits couverts de cannes, tirent leur nom de ce radical cann, la fameuse Cannebiêre (Cannaberium), noyau de la ville de Marseille, et Cannes [Cannœ], qui fut témoin de la victoire d'Annibal ; Cannes, dont les rivages virent, par deux fois, débarquer Napoléon, et la piincipauté de Canino, qui devint le titre d'un des frères de l'empereur ; le Cannât, les multiples Cannet et Canet de nos provinces méridionales, ainsi que leurs nom- breux congénères des autres parties de la France. Par une pente naturelle, cette plante textile, si abondante et si utile en nos contrées, surtout avant la prodigieuse vul- garisation du coton, et dont la tige creuse ressemble à la canne, devint, dans nos anciennes langues, le canneb, can- nabus et kanabis, reconnaissables aujourd'hui dans chenève, chanvre, quelquefois chanbre. Les chenevières, le cannabetum latin, demandent le meilleur terrain ; beaucoup de gens s'appellent Chenevier et Chenavaz. Qui ne connaît la chenevotte (cannabinolta), nos classiques allumettes? Et nos cannebassiers du Moyen- Age, marchands de chanvre ou de toile? Et nos cannettes, et nos canuts oucanezards? Comme la langue des commères va son train, que de racontars on entend lorsque les paysans, à la veillée, s'occupent à lilliè lou chenèva ou canèva ! La cultufe de cette plante, en certaines localités, a motivé les noms du frais vallon de Chenevières, et des ravissants coteaux de Chenevé, SenevisetChenavel(c/«eneveî/a) ; Ville- chenève, en Bourgogne, et latinisé villa canabas; Ville- chenève en Lyonnais, villa canabina, villa caneva. Le Bourg-Chanin, dont nous venons de parler, vient-il de notre radical canna, ou de burgus canhius, bourg de chien, employé au figuré pour peindre la misère, la mal- propreté de ce quartier du vieux Lyon ? Il va sans dire que nous nous rattachons à la première de ces propositions.