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104                      LA CHARTE DE CHESSY.

le Beaujolais, mais encore dans le Lyonnais et dans les
parties de la Dombe soumises aux sires de Beaujeu ;
    2° Toutes les chartes postérieures à celle de Yillefranche
et qui en procèdent directement, contiennent des privilèges
moins étendus que ceux de cette ville, qui justifiait alors son
nom dans le sens le plus large. La charte de Chessy, comme
celle de Châtillon, ne fait que consacrer, moyennant une
compensation pécuniaire, la remise ou l'adoucissement de
quelques droits seigneuriaux et n'attribue aux habitants
aucune des libertés communales obtenues par la capitale du
Beaujolais.
    Pareil fait s'est produit à la même époque pour les chartes
 de privilèges de Thizy, de Beaujeu, de Belleville. Bien que
 copiées sur celle de Villetranche, aucune ne contient les
 articles attribuant aux habitants de cette ville le droit de
 s'administrer eux-mêmes, d'avoir une juridiction indépen-
 dante ;
     3° Un caractère commun a ces conventions, ainsi qu'a
 toutes celles de notre région, sur les deux rives de la
 Saône (1), c'est l'absence de toute trace de conflit, de
 contrainte même. Le seigneur déclare simplement qu'il a
 considéré son intérêt et celui de ses hommes, et tout paraît
 s'être passé entre eux paisiblement et a l'amiable ; tandis
 qu'en d'autres provinces, ces concessions ne sont obtenues
 qu'au prix de luttes acharnées et sanglantes.
     Il fallait de graves motifs pour que la noblesse féodale
 abandonnât de son plein gré des droits séculaires. Cet
 intérêt auquel le seigneur obéit, ainsi qu'il l'avoue sans
 détour, c'est la nécessité de retenir sur les terres qu'ils
  cultivaient les serfs, pris d'un désir inquiet de déplacement


      (1) Excepté Lyon, placé dans des conditions bien différentes.