page suivante »
80 CHRONIQUE LOCALE. rofit des Alsaciens-Lorrains pouvait nous faire espérer quelques jolis illets de mille francs qui nous auraient fait grand plaisir ; on aurait pu dès lors acheter des n:odèIes nouveaux de dessin, gravure ou sculpture dont notre Ecole des Beaux-Arts de Lyon a ie plus grand besoin, et que nos finances épuisées ne permettent pas d'acquérir. Puis, n'aurait-on pas pu distribuer aux élèves les plus méritants un certain nombre de livrets de la Caisse d'Epargne? Et enfin, gardons le plus beau pour la fin; la perle de notre Musée, notre PÉRUGIN, arrivant à Paris décapité, tronqué, mutilé par M. Denon, aurait certainement excité la pitié et la commiseraiion du gouvernement, et le chef-d'ceuvre du maître de Raphaël nous serait revenu avec ses compléments restitués par une église de Paris et le musée de Rouen, leurs détenteurs. L'œuvre eût été alors complète, les apôtres n'eussent plus levé les yeux dans le vide et une des plus belles toiles que la France possède aurait retrouvé sa splendeur et son éclat. Eh bien, non ! faisons-en notre deuil, longtemps encore notre Pérugin nous restera déshonoré; avouons que Lyon n'a pas de chance. — On parle de l'orgue immense et solennel destiné à faire oublier à la vieille Métropole des Gaules et son plain chant suranné et ses coutumes passées de mode et ses souvenirs jadis pleins de gloire aujourd'hui mis de côté comme objets gênants. Depuis longtemps le plain chant est mort et enterré, de même que l'absurde coutume de laisser les fidèles répondre aux chants du clergé. Il faut des airs nouveaux que le vulgaire ne puisse répéter; il faut que des musiciens bien stylés et bien exercés se fassent seuls admirer. Il y a quelques mois à peine, une grande émotion eut lieu sous nos superbes voûtes. Deux mille voix d'hommes chantaient à l'unisson le Credo comme si saint Bonaventure eût présidé dans le ehœur. Un souffle inspiré passait dans toutes les poitrines, on eût dit que quelque chose de divin régnait dans l'air : émotion dangereuse, trouble trop fort pour nos nerfs agacés. On ne reviendra pas à de pareils essais. L'épinette et l'accordéon conviennent bien mieux à nos santés languissantes et délicates. Qu'on n'ait plus la peine d'élever la voix dans l'église, l'orgue est prêt à vous remplacer. On l'a entendu, le 20 courant, dans une réunion bienveillante et choisie ; on en dit grand bien ; il imite la pluie et le tonnerre à ravir, et bientôt il sera placé, à la joie de tous, dans le chœurde Messieurs les Comtes de Lyon; ce sera une grande fête. Qu'on dise donc encore que nous ne savons pas nous plier aux exigences du jour et que l'Eglise de Lyon ne connaît pas les nou- veautés ; on les adore. — La belle inscription édilicienne qui existait à la Guillotière est maintenant tout entière au Palais-des-Arts. Nous en remercions notre savant conservateur et l'Administration. — S'il est une pièce de théâtre qui doive soulever le cœur des hommes de goût, c'est assurément la Belle Hélène. Aussi l'a-t-on reprise avec empressement! Elle a pleinement réussi. La salle, disent les journaux, était comble, — Un accident arrivé sous presse à la page 517 de la Revue a occasionné des non-sens regrettables. A la ligne 5, au lieu de Fragzin, lisez Feyzin, et, à la ligne 19, au lieu de : se livre mec entrain au plaisir des fectages et de Bacehus et Cornus... lisez : se livre avec entrain au plaisir de festoyer Bacehus et Cornus. Vraiment la typographie est bien comme la langue, s'il n'y a rien de meilleur, on peut dire aussi qu'il n'y a rien de pire. Tout dépend de la manière de s'en servir. A. V. Lyon- — Imprimerie V1NGTRINIER, directeur-gérant.