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                     VICTOR DE LAPRADE                      51

droit et de l'idéal. Ne défendons pas à la résignation chré-
tienne d'avoir ses audaces. La douleur, la pauvreté, la défaite
doivent être portées avec humilité devant Dieu, avec fierté
devant les hommes. Et comme la mission de la poésie est
de tirer des nobles sentiments cette fleur du bien qui se
nomme la beauté, pour les grands cœurs et pour les âmes
fortes qui résisteront a toutes les séductions des sens en
aura vu naître une nouvelle poésie, la vraie poésie reli-
gieuse.




                        PERNETTE.

   « Il est bon, dit Victor de Laprade dans une de ses
notes, que l'auteur aime son sujet autrement qu'on aime
une simple idée et la matière bien choisie d'une œuvre d'art.
Tout n'en va que mieux, si sa personne à lui, son cœur et
ses passions, sans se produire directement, ne sont jamais
absents et circulent h travers son œuvre. »
   Il faut souscrire à ce jugement, dans de certaines condi-
tions toutefois et avec réserve. Oui, sans doute, les senti-
ments personnels du poète, quand ils ont cette élévation et
cette noblesse que l'on rencontre a chaque vers dans les
Odes, dans les Symphonies et dans les Poèmes Evarigèli-
ques, (ont de sa poésie une chose originale et vivante, et
loin de contrarier l'art, le secondent plus que la règle rigide
et froide. Mais en est-il de même de la passion, sutout
quand c'est la haine, et l'auteur de PerncUe a-t-il le droit
de dire que, sans rompre l'harmonie d'une oeuvre épique,
le poète peut quelquefois témoigner de son propre jugement
et même de sa passion propre ? Ni lui ni moi nous ne le pen-
sons, puisque lui-même vient d'avouer que tout n'en va que