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                DE LA RÉPUBLIQUE ROMAINE.                427

la guerre sociale, les Italiens semblèrent vaincus. Mais
Rome fatiguée admit, en principe du moins, leurs préten-
tions. Deux lois leur promirent le droit de cité romaine.
La noblesse espéra éluder ces lois dans l'application par
les formalités dont elle entoura l'inscription des nouveaux
 citoyens. Lorsque Sylla, après avoir proscrit Marius, partit
pour l'Orient, il emportait avec lui cette illusion que
l'habileté des préteurs romains se jouerait sans peine de
l'ambition .italienne. Il fut entièrement déçu. Pendant les
quatre ans qu'il employa à la guerre contre Mithridate
eut lieu à Rome une révolution politique dont la critique
n'avait pas jusqu'à nos jours aperçu l'étendue. Mais les
documents les plus certains nous montrent que l'Italie
devint alors romaine depuis la rive droite du Pô jusqu'au
détroit de Sicile; que, sur 900,000 citoyens de Rome,
500,000, c'est-à-dire la majorité, appartenaient aux peuples
qui s'étaient révoltés dans la guerre sociale. Alors la
vieille cité patricienne fut noyée, perdue comme une île
imperceptible au milieu des flots de la nation plébéienne.
Ce grand changement, l'instinct religieux du peuple en
avait consacré le souvenir et l'image dans une légende que
Pline nous a conservée : « Parmi, les plus anciennes en-
« ceintes consacrées aux dieux, on comptait celle de Qui-
« rinus, c'est-à-dire de Romulus lui-même. Dans cette en-
« ceinte et devant le temple, il y eut longtemps deux
« myrtes sacrés, l'un appelé le Patricien, l'autre le Plé-
« béien. Pendant bien des années le Patricien fut le plus
« beau, son feuillage était abondant et vert. Tout le temps
«. que la puissance du sénat resta florissante, il garda sa
« force, et le Plébéien semblait triste et chétif. Mais dès
« que celui-ci prit de la vigueur (c'était pendant la guerre
 « des Marses), le Patricien commença à jaunir. Alors
 « l'autorité de la noblesse sénatoriale devint aussi lan-
« guissante et perdit peu à peu son éclat et sa sève. »
   Sylla , revenant de l'Orient, trouva le myrte patricien
desséché. C'est là ce qui explique la sombre fureur qu'il