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284             DEUX iÎMEUTES AU XVIIIe SÎÈCLE.

quent la maison des pères et le pensionnat; la rumeur est au
comble, on n'entend de tous les côtés qu'imprécations contre les
oratoriens, le prévost des marchands et l'intendant. Au milieu
du tumulte on entendit des voix crier qu'il fallait brûler les
oratoriens, qui n'avaient pas de religion, et aller incendier le
palais de l'archevêque, qui favorisait cette congrégation. Un
pareil propos avait été tenu par l'abbé de Glarins, Antonin, oncle
de M. deQuinson, chez le libraire Duplain. Ce propos, rapporté
à M. de Montazet, fut cause d'une violente réprimande du pré-
lat envers l'abbé, qui tenait fortement au parti jéruilique. A force
de coups, les conjurés parviennent à faire une ouverture dans
un gros de mur, ce qui leur donne une entrée dans la maison du
collège. On parvint à arrêter ies premiers qui s'y introduisent,
et l'un d'eux, interrogé sur la cause de cette frénésie, disait : C'est
une bourde, il y a deux jours que je suis arrêté pour cette entre-
prise, puis, se tournant vers un oratorien • Mon père, confessez-
                                              -
moi, et puis qu'on me pende.— Tu le seras demain, lui réplique
M. de Bacot, procureur généra! à la sénéchaussée, un peu brus-
quement. Pendant tout ce temps, les pères de l'oratoire et les
 pensionnaires, de plus en plus effrayés, s'étaient réfugiés dans la
 cour du pensionnat, attendant l'issue de cet événement. Celte
cour, destinée aux récréations, donne par une petite porte sur
 la rue Gentil. Les furieux commencent par vouloir l'enfoncer à
 coups de hache ; aussitôt les écoliers, se croyant perdus, jettent
 les hauts cris, se sauvent dans la maison. Les soldats qui en
 gardaient l'intérieur, entendant ce nouveau tumulte, croient
 que les fanatiques ont pénétré, ils accourent où le bruit les ap-
 pelle, et couchent enjoué les écoliers fuyards, qu'ils méconnais-
 sent au milieu de l'obscurité. C'est là que le père Langlade fut
 accablé de voir ses pensionnaires sur le point d'être fusillés, il
 parvient enfin à se faire entendre des soldats.
   Pendant ce temps, les coups de hache redoublaient sur la
petite porte donnant dans la rue Gentil. M. de Myons, qui la
gardait avec une forte escouade, imagina pour les repousser,
d'ouvrir rapidement celte porte et de faire une décharge sur les
assaillants, ce qui fut exécuté sur le champ avec un tel avantage,