Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                        LE MYTHE B'iO.                     8S

  tiplicité des dieux de l'Olympe, par exemple, se cache un
  monothéisme primitif tout à fait semblable à celui des
  Hébreux ; ceux-là, au contraire, n'y voient que les gros-
  sières ébauches du sentiment religieux chez une race
  plus spirituelle que pieuse, dont l'âme, contrairement à
  l'âme des Sémites, et par une conséquence même du ca-
 ractère particulier de la nature en Grèce, était essentielle-
  ment polythéiste.
     L'évhémérisme à proprement parler n'existe plus. Les
 symbolistes battent en brèche les rares tenants de l'école
 théologique ; mais à leur tour ils sont attaqués avec une
 singulière vigueur par une doctrine nouvelle qui depuis
 quelques années a changé entièrement et le terrain et la
 physionomie delà lutte. Inaugurée en Allemagne par la
 rédaction du Journal de Mythologie comparée, précisée et
 formulée par l'illustre Max Millier, cette doctrine est pro-
 pagée en France par un groupe de disciples ardents et con-
 vaincus qui l'auront bientôt rendue presque populaire.
 Elle enseigne que les mythes, loin d'avoir été imaginés
 pour voiler quoi que ce soit, n'ont pas même été créés
par l'homme, ou du moins par la volonté humaine, qu'ils
 se sont formés tout seuls, spontanément, sans que personne
y prît garde, par l'effet du langage, dont l'homme ne peut
se servir sans une sorte d'illusion qui le trompe sur sa
propre pensée. Les mythes les plus bizarres n'étaient à
l'origine que renonciation de faits très-simples, le lever
du soleil, l'orage, le retour du beau temps, la nuit qui suc-
cède au jour, le printemps qui remplace l'hiver, les plan-
tes qui sortent de terre avec leurs feuilles et leurs fleurs.
Mais le langage humain est chose essentiellement mobile
et variable, il change sans cesse. Les mots perdaient leur
sens et disparaissaient de l'usage habituel ; alors on
les prenait pour des noms propres ; le fait qu'ils expri-