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                  LA FONTAINE OU DIABLE.                 221

que. La rigide main du temps et le souffle âpre des révo-
lutions ont passé là, si bien qu'il n'en reste aujourd'hui
aucun vestige.
   Elle était spacieuse, agréable au coup d'oeil et flanquée
de deux tourelles que des roses trémières décoraient
d'une façon charmante. Un large perron conduisait à la
massive porte d'entrée chargée de gros clous de fer,
comme c'était alors l'usage pour les aristocratiques de-
meures. On pouvait appeler cela îe château de Favenii-
nes, sans encourir le reproche d'exagération. Mais l'en-
tourage surtout était délicieux. Une allée ombreuse
composée de vieux marronniers gigantesques se trouvait
en face de la maison et an petit bois taillis lui donnait
sa fraîcheur. Des hautes fenêtres sculptées, les yeux
avaient l'avantage de se reposer doucement sur le tapis
de velours vert des prairies les plus magnifiques, bordées
de roseaux et de frênes. Des peupliers d'Italie secouaient
leur feuillage pâle sons les caresses du vontelet, en se
mirant dans les eaux claires.
   On avait d'ailleurs pour voisinage ces Beaumes tant
aimées des Valentinois, ces Beaumes dont on était les
réels seigneurs, et, il faut bien le dire, celle que les
paysans reconnaissaient surtout pour châtelaine de ces
lieux favorisés du ciel, c'était l'aimable, la jolie Made-
leine de Faventines, et non sa raide et maussade belle-
mère
   La comtesse était un de ces types pleins d'arrogance,
infatués d'eux-mêmes, lesquels sont antipathiques au su-
prême degré. Ses traits avaient une régularité inflexible,
qui tenait du marbre. Son œil gris montrait suffisam-
ment par ses reflets d'acier,une parenté bien sensible avec
les yeux de la race féline. Lorsque sa bouche essayait un
sourire, ce sourire faisait mal., tant il était forcé et peu