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                 CE LA RÉPUBLIQUE ROMAINE.                42Î)

   Pour augmenter le nombre des partisans de la loi
agraire, C. Gracehus avait donné aux chevaliers les tribu-
naux enlevés aux sénateurs. A la populace de la ville, qui
préférait les tavernes de Rome au rude labeur des champs,
il avait fait accorder du blé à prix réduit. Sa loi judiciaire
et sa loi frumentaire devinrent deux plaies nouvelles ajou-
tées an mal ancien que ses violents remèdes n'avaient pu
guérir. La possession des tribunaux fut l'enjeu des guerres
civiles. Chevaliers et sénateurs se disputèrent dans des
batailles sanglantes le droit de juger leurs adversaires et
de ravager impunément les provinces. Le peuple de la ville
ayant pris goût aux distributions, les malheureux de la
campagne affluèrent à Rome pour en avoir leur part. Les
démagogues diminuèrent peu à peu le prix du blé, et le
tribun Clodius finit parle distribuer gratuitement. La mul-
titude qui vivait aux dépens du trésor public comptait déjà,
 au temps de César, 320,000 citoyens mendiants, a i n s i ,
 ce fut une loi imprudente d'un des plus grands réforma-
 teurs de la République qui légua à la Rome impériale cette
 populace famélique et cruelle, dont Juvénal a dit : Elle ne
 demande que du pain et des jeux.
   Pour comble de malheur, il fallut remplir les vides de la
population militaire et demander des soldats à cette multi-
tude avilie. Marius, non par politique, mais par nécessité,
enrôla non-seulement, comme on l'a dit, les prolétaires,
mais des citoyens de la catégorie inférieure à celle des
prolétaires. C'étaient les capito consi, qui ne possédaient
pas même 400 drachmes (360 francs), et dont les censeurs
inscrivaient le nom sur les registres publics sans daigner
y joindre l'appréciation de la valeur de leurs habits. Les
 capite censi n'avaient jusque-là été employés qu'à ramer
 sur les galères de l'Etat. Dès que l'on eût confié les armes
 des légionnaires à de pareils misérables, tout fut perdu,
 l'honneur militaire comme la liberté politique. Les armées
 romaines devinrent semblables à ce que furent nos gran-
 des compagnies du xr?e siècle. Les soldats de Lucullus,
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