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                    LA FONTAINE DO DIABLE.                   207

          A peine quinze ans!., la pauvrette
          Possédait une exquise tête ;
          Bientôt son cœur allait s'ouvrir
          Au soleil de l'amour peut-être,
          Mais la suave fleur champêtre
          Dut, hélas ! trop tôt se flétrir.
          Ne venez pas, la nuit, seulettes,
          Blondes Jeannes, brunes Lisettes,
          Auprès de l'antique abreuvoir,
          Car le Diable rirait, sans doute,
          De se trouver sur votre route,
          Et se vengerait un beau soir.
    Le timbre sonore du garçonnet faisait un contraste
charmant avec les roulements du tonnerre qui ne ces-
saient point, et l'on eût dit une voix d'ange , s'élevant ,
dans toute sa grâce et son ingénuité, comme pour apai-
ser le Dieu des tempêtes.
    Lorsqu'il eut fini, la duchesse dit en riant :
    Ah ! çà, mon ami , tu nous prenais donc pour des fil-
lettes de quinze ans, faciles à enlever, lorsque tu as voulu
nous sauver d'un péril imaginaire , en vrai petit cheva-
lier que tu es ?
    — Oh ! madame, vous êtes assez belle pour exciter l'en-
vie du diable!...
    — En vérité, on dirait que tu sais la cour !.. Quelque
moment nous visiterons ensemble la fameuse fontaine ;
tu seras notre cicérone, c'est-à-dire que tu nous condui-
r a s . . . Mais, qu'est-ce que j'aperçois sur cette petite t a -
ble?., des ébauches en terre glaise... un portrait... des
fleurs... dites-moi ce que cela signifie ?
   — Madame, notre André s'amuse quelquefois à de pe"
tits essais de sculpture. Il est allé chez un artiste, l'a vu
travailler, et l'enfant a pris beaucoup de goût pour ces
sortes de choses.