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                         BIBLIOGRAPHIE.                       401

fait campagne, quand le père est tué? Hélas! que deviennent-
elles ces pauvres enfants?
   Si je recueillais les petites filles de soldats, se dit un jour
notre abbé; je les logerais au château,je les nourrirais des pro-
duits du jardin. Je sais bien que le château est en ruines, qu'il
y pleut, qu'il n'y a ni portes, ni fenĂŞtres, que le jardin est rem-
pli de ronces et d'Ă©pines : je n'ai ni meubles, ni vĂŞtements, ni
un sou pour les recevoir, et que le château ne m'appartient pas,
mais tout cela peut s'arranger ; j'ai confiance en Dieu, et je
mets mon Ĺ“uvre sous sa protection.
   Deux jours après,l'abbé Faivre avait loué — moyennant 60 fr.
par au, le château de Sathonay, — il avait refusé de l'accepter
gratis. Son bail bien et dûment rédigé, l'abbé avait enfourché
son cheval, et il Ă©tait parti pour Lyon.
   Arrivé chez le maréchal de Castellane, il avait exposé son
plan. Le maréchal avait promis à l'abbé que chaque jour une
escouade d'ouvriers, maçons, peintres en bâtiments, menuisiers,
serruriers, jardiniers, pris dans les régiments du camp, lui se-
raient envoyés, et travailleraient sous sa direction à réparer le
château, à cultiver le jardin, etc.
   Il ne manquait plus que les outils nécessaires, le bois, le plâ-
tre, les pierres, le fer, les graines, les meubles et l'argent;
mais tout cela n'embarrassait guère l'abbé. C'était l'affaire d'une
nuit, deux au plus ; le fondateur ne dormait plus, il eut bientĂ´t
trouvé.
   C'est par les femmes, se disait-il, que je puis arriver Ă  mes
fins ; on les trouve toujours prĂŞtes quand il s'agit de bonnes
Ĺ“uvres.
   Il courut de nouveau Ă  Lyon, fit des visites chez les person-
nes les plus influentes de la ville, mit dans ses intérêts les plus
grandes dames de l'aristocratie, qui s'engagèrent à donner cha-
que année une certaine somme pour l'œuvre des petites filles
de soldats. Les bourgeoises suivirent, puis les ouvrières ; cha-
cun voulut en ĂŞtre. On fit des loteries, on donna des concerts ;
enfin l'abbé eut un peu d'argent, un peu de bois, un peu de
pierres, et l'on se mit Ă  l'Ĺ“uvre.