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400 LE MYTHK »H>. étoile. Euripide était l'élève d'Anaxagore, qui, on le sait, expliquait par l'astronomie un certain nombre de fables mythiques. C'est de lui peut-être que, par l'entre- mise des écoles pythagoriciennes et stoïciennes, cette in- terprétation est arrivée à Macrobe qui, la reproduit plus explicitement (Saturn. I, 19). Nous n'avons point à refaire, ni même à exposer en détail, les curieuses recherches de M. Panofka, qui a mis en pleine lumière la vraisemblance de ces idées (1). Mais nous pouvons les compléter par une vue nouvelle de M. Louis Ménard. L'étude combinée de l'hymne homérique à Hermès et de la fable d'Io, a conduit le jeune et savant rnythographe à conclure que Hermès n'est point le soleil, comme le voulait Macrobe, ni seulement le passage de la nuit au jour, comme le disait M. Preller, mais le crépus- cule, celui du soir et celui du matin, ce qui rend parfaite- ment compte du rôle qu'il joue dans ces deux récits (2). Pour nous en tenir à ce qui est de notre sujet, et sans en- trer dans les considérations, parfois un peu hasardées, dont M. L. Ménard étaie sa doctrine, Hermès, tuant Argus, c'est le crépuscule du matin qui efface les étoiles du ciel. Peut-être, si la science étymologique était plus avancée, trouverait-on ici un exemple du fait signalé sur tant d'au- tres points par M. Max Millier, un mythe créé spontané- ment par l'interprétation erronée de mots non compris, et un simple phénomène physique transformé par l'alté- ration du langage en drame divin. Ce qui permet de le supposer, c'est que la lang*ue a certainement sa part dans la (1) Argos Panoptès, dans les mémoires de l'Académie de Berlin, 1837. (2) L. Ménard. Le polythéisme hellénique, p. 42,— Voyez aussi mon étude sur les Hymnes homériques, p. 179, et M. Àlf. Maury. Histoire des religions de la Grèce antique, t. III, p, 488.