Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
420             DÃÃŽ LU RÉPUBLIQUE UOMAINB.

   Les patriciens, obligés d'avouer leur défaite depuis la
réforme politique de l'an 240 avant J.-C.,se vengeaient par
le dédain des mécomptes de leur ambition. Comme ils des-
cendaient tous de ces familles dont les chefs étaient séna-
teurs avant que le tribunat fût créé, il se croyaient Romains
à meilleur titre que tous ces Latins, ces Italiens, ces étran-
gers introduits dans la cité par les tribuns de la plèbe. Les
lois que ce peuple nouveau avait pu faire leur paraissaient
au dessous d'eux. Ils se moquaient de la rigidité des Ca-
tons de la plèbe et ils aimaient à s'en distinguer par un peu
de licence. Eux dont les ancêtres avaient fondé leur puis-
sance sur la religion, ils s'étaient faits incrédules et philo-
sophes depuis qu'il y avait des augures et des pontifes plé-
béiens. Ils contentaient par là leur goût naturel pour les
inventions élégantes ou raffinées du génie grec, et leur
antipathie contre cette bourgeoisie de campagne qui les sup-
plantait, en prenant à tout propos contre eux la défense
des vieilles mœurs et de la discipline. Aussi tous les grands
chefs patriciens affichaient un mépris superbe pour les
usages vénérés de leurs ancêtres. Le vainqueur d'Annibal
avait refusé de rendre ses comptes. Manlius Vulso avait
ramené à Rome une armée riche et atteinte de tous les vi-
ces de l'Asie, et Paul-Emile, après la bataille de Pydna,
avait livré l'Epire comme une proie à l'avidité des légion-
naires. Qu'était devenu le temps où Camille refusait à ses
soldats lepillage de Veies, conquise par dix ans de guerre?
   Les nobles plébéiens , selon l'usage des parvenus, imi-
taient, dépassaient même l'orgueil de la vieille aristocra-
tie. Oublieux de leur origine, ils s'appliquaient maintenant,
de concert avec les patriciens, à écarter des honneurs les
hommes nouveaux.
   Neuf familles obtinrent en un siècle 83 consulats, et
Nsevius s'étant plaint que la fatalité donnât à Rome des
Metellus pour consuls, les Metellus menacèrent de répon-
dre à l'épigramme par des coups de bâton. Ces grands
seigneurs de l'oligarchie nouvelle, obtenant toutes les ma-