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LE MYTHE D'iO. 95 autre amante de Zeus, changée en ourse par la vengeance d'Héra. Pausanias, qui a vu ces deux statues dans l'acro- pole d'Athènes, nous apprend seulement qu'elles avaient la figure humaine, puisqu'il en parle comme de deux fem- mes (4). Mais ces images réveillant en lui le souvenir delà métamorphose de ces deux infortunées, il est permis de croire que quelque attribut caractérisque la lui rappelait. Cet attribut est tout trouvé pour lo, ce sont les cornes au front; pour Callisto, nous sommes réduits aux hypothèses : peut-être était-ce seulement une peau d'ours jetée sur les épaules. Quoi qu'il en soit, c'est sous la figure d'une jeune femme avec des cornes au front que l'art des époques postérieures a représenté lo ; telle nous la voyons dans la plupart des peintures de vases, surtout celles à figures rouges, et dans toutes les peintures murales relatives à ce mythe que nous ont livrées Pompéi et Herculanum. Io raconte à Prométhée son étrange histoire : les song'es qui hantaient sa chambre virginale, lai annonçant l'amour de Zeus; puis son expulsion delà demeure paternelle, puis sa métamophose. Il y a deux remarques à faire sur ce récit : l'une c'est qu'Eschyle, fidèle à la tradition, en re- tranche pourtant les circonstances puériles ou inconvenan- tes. Ainsi il ne dit mot de la jalousie d'Héra, ni des fables ridicules que d'autres mythographes, Hésiode par exem- ple, y avaient mêlées, et dont nous trouvons le dernier écho dans Ovide, lorsqu'il nous montre Junon découvrant l'infidélité de son époux aux ténèbres insolites qui s'éten- daient en plein jour sur l'Argolide. Pour Eschyle, ce n'est ni la colère d'Héra, ni la ruse hypocrite de Zeus qui a changé en vache la malheureuse jeune fille, c'est le déses- poir, la folie. Sa métamorphose rentre dans le plan de celles (1) Pausanias, I, i5.