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426              DE LA RÉPUBLIQUE ROMAINE.

partant pour la guerre contre Mithridate, ravagèrent ou
 détruisirent les villes italiennes qu'ils traversaient. Arri-
vés en Asie, ils se battirent tant que le général leur fit des
 distributions d'argent. Mais, quand ils se crurent assez
 riches, ils refusèrent de combattre davantage, se révol-
 tèrent et ramenèrent en arrière leur général victorieux.
    Que pouvait-on attendre de ces mercenaires dans la vie
 politique? Ce sont eux qui ont rendu possibles la dicta-
 ture de Sylla et. celle de César, et détruit la liberté.
 Lorsque Sylla, le premier des généraux romains, osa mar-
 cher sur Rome, on remarqua que les officiers de son ar-
 mée le quittèrent, pour ne pas être complices d'un tel
 attentat. Mais les soldats le suivirent. Quarante ans plus
 tard, lorsque César passa le Rubicon, les scrupules poli-
 tiques étaient effacés de la conscience des chefs comme de
 celle des soldats.
    Au lieu de s'unir pour arrêter le débordement des pas-
 sions grossières et serviles de la multitude, les classes
 supérieures de la société romaine continuaient leurs que-
 relles imprudentes et mesquines. Un tribun partisan de la
 noblesse, Livius Drusus, voulut arracher le droit de juger
 aux chevaliers romains pour le restituer au sénat. Retour-
nant contre la politique des Gracqnes un des moyens puis-
sants employés par C. Gracchus, il appela les Italiens au
 secours du sénat en leur promettant le droit de cité.
    Livius Drusus et les sénateurs s'aperçurent bientôt
qu'on ne soulève pas incidemment de pareilles questions,
et que les passions d'un grand peuple ne se mettent pas
au service d'une coterie aristocratique. Les Italiens se por-
tèrent vers le droit de cité avec la fougue d'un désir depuis
longtemps contenu. Pour faire face à un soulèvement gé-
néral de l'Italie, sénateurs et chevaliers suspendirent un
instant leurs querelles, se partagèrent les tribunaux, et
firent la guerre aux alliés de Rome, que dans leur aveu-
glement ils acceptaient avec plus de peine pour conci-
toyens que pour ennemis. Sur les champs de bataille de