page suivante »
320 LA JJ'ONTAJKE U CIA liLE. stature, aux cheveux noirs, aux yeux de même cou- leur, portant à raerveilîe son costume de guerrier. Il était bien triste aussi, quoiqu'il n'eût pas autant l'ex- pression du désespoir que le premier et charmant rêveur. Lorsquïl eut prié, il s'approcha de son compagnon, le considéra avec des larmes dans les yeux, et lui présen- tant la main : — Je prends bien part à votre douleur, monsieur Jo- seph, n'en doutez pas !... Je vous dirai donc, devant cette noble tombe prématurée, que mademoiselle de Faventines était digne de vous et fidèle à son amour ; elle avait re- poussé le mien, pour vous garder son cœur tout entier... Depuis, je l'avais estimée davantage ; je la regardais comme une sœur... Permettez donc à Jacques de Crussol de vous appeler son frère !... Joseph se leva, et prit dans les siennes cette main qu'on lui tendait, car les âmes loyales se comprennent... — Ce n'est pas ma faute, ajouta le jeune baron, si je ne suis pas déjà mort de douleur !... J'irai, quelque jour, me faire tuer sur un champ de bataille... — Et moi, dit Joseph, j'espère bien ne pas vivre long- temps... L'ange a emporté toute mon âme sur ses ailes... C'était vraiment un beau spectacle que donnaient, aux visiteurs du cimetière, ces deux fiers jeunes gens, unis par le malheur et une généreuse fraternité. — Adieu, Joseph... Permettez-moi d'offrir à sa tombe ce bouquet de roses blanches... Mais auparavant, il faut qu'il passe par vos mains !... — Oh ! Jacques, vous êtes noble... Merci !... Et ces deux braves cœurs s'embrassèrent, sous la bé- nédiction de la morte...