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LA JBONTAINE DU DIABLE. 319
et ses défaillances... Elle avait raison; c'était le jour,
c'était l'heure du sacrifice.
Un vieux prêtre de Saint-Germain-l'Auxerrois assis-
tait la jeune mourante et lui parlait du ciel, où elle allait
monter.
— Joseph! dit encore Madeleine, les entends-tu?...
Écoute !... Oh! quelle mélodie suave!... écoute encore !...
Ce sont les poètes d'en haut!... Leur lyre est douce
comme ta voix... ta voix chérie qui me plaisait tant !...
Et puis regarde !... C'est donc un lever de soleil?... Dieu!
que c'est beau!... Allons le voir ensemble!... Partons,
Joseph !... Joseph!...
En prononçant le nom du bien-aimé, en recevant son
baiser le plus tendre, lajeune fille s'était éteinte...
IX
La journée était mélancolique ; le ciel gris n'avait que
de pâles rayons ; un vent léger, en secouant les fleurs du
cimetière de Valence, semblait murmurer de douces pa-
roles aux hôtes de ce dernier champ. Une tombe, char-
gée de couronnes, voilée par la verdure, par des roses et
des pervenches, attirait particulièrement le regard. Un
beau jeune homme était agenouillé sur le tertre, et pa-
raissait plongé dans une méditation attendrie. Sa pâleur
intéressait beaucoup tout d'abord, et l'on ne pouvait dé-
tacher ses yeux de cet inconnu. Une s'en apercevait pas,
tant le voisinage delà tombe en question absorbait toutes
ses pensées.
C'est ainsi qu'il n'entendit pas venir, derrière lui, un
autre jeune homme également fort beau , mais d'une
beauté différente. Ce dernier était un chevalier de haute