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314 LA FONTAINE DU DIABLE. tu savais combien notre André a été bon pour moi !... — Dam, ma chère demoiselle, il n'a fait que son de- voir !... A présent, nous ne nous quitterons plus !... Mais vous ne dites rien à Monsieur Joseph !... — Ah! Joseph!... mon frère bien-aimé !... vous ne ne m'avez donc pas oubliée à Valence?... — A-t-il assez souffert, Mamzelle!... Voyez comme le pauvre jeune homme est pâle!... Mais, sotte que je suis, je vous fais de la peine!... pardonnez-moi! — Madeleine, comment aurais-je pu vous oublier?.,. Je vous retrouve enfin, ô ma sœur!... Cet instant efface toutes mes heures d'angoisses!... Le bonheur reviendra pour nous !... Non, il ne reviendra pas! poète, vous souffrirez en- core, car c'est dans la destinée des poètes de souffrir!... On eut beau entourer de soins et d'amour la noble jeune fille, elle déclinait rapidement. A sa maladie de cœur, occasionnée par ses revers, se joignait une mala- die de langueur. Un jour, elle dit à Joseph, assis à son chevet et fixant sur elle son doux regard : — Mon pauvre ami. je vais te quitter, dans quelques jours, mais je te laisserai toute mon âme... Dieu m'a exau- cée et je l'en remercie! Je lui avais demandé de mourir jeune, puisque mes parents voulaient nous séparer. D'ail- leurs, j'avais fait volontiers le sacrifice de ma vie pour toi seul, ô mon Joseph!... — Mais tu vivras, Madeleine, tu deviendras ma com- pagne adorée!... Il me faut ta présence!... Oh! laisse- moi en jouir ! — Non ! non! il m'est si doux de mourir pour toi !... mets encore et longtemps ta tête contre mon cœur!... Écoute-le battre!... toutes ses palpitations t'appartien-