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TA FONTAINE DU DIABLE. 201 des i"oses. Vers la fin de l'après-midi, les oiseaux, qui chantaient sur les grands arbres, pouvaient, dans leurs rares moments de silence, écouter deux voix juvéniles, d'une douceur infinie, qui sussuraient comme la brise folâtrant sur les églantines.' Au travers la verdure, regardons un peu et contem- plons ce joli couple. Dieu ! que la jeune fille est adorable, avec son teint de neige, ses cheveux noirs ondoyants, ses yeux bleus si longs, si expressifs, sa bouche vermeille, sa taille élan- cée et tout le prestige qui l'entoure ! Comme le jeune homme est beau ! comme il paraît triste et fier en même temps ! Comme il se penche avec tendresse, avec émotion vers la compagne appuyée à son bras ! Petits oiseaux, vous chantez l'amour sur les branches, mais l'amour est ici encore mieux que là -haut ! Saluez donc l'amour, car c'est l'amour qui passe ! — Madeleine ! que je suis heureux près de vous, chère sœur bien-aimée !.. Depuis si longtemps je désirais ce bonheur!., j'aspire votre haleine ! je bois votre regard ! je m'enivre de votre sourire ! je vous aime !.. Vous êtes ma muse adorée ! sans votre tendresse, que serais-je, dites-moi ?...Depuis que vous m'avez avoué votre amour, j'ai senti mon âme grandir!.. Un poète aimé est double- ment poète ! c'est l'amour noble qui sacre les bardes ins- pirés ! Il les élève, les transporte au-dessus de ce monde stupide que nous fuyons aujourd'hui pour écouter la voix de nos coeurs. Oh! que dit-elle, cette voix?., que nous nous aimerons toujours, n'est-ce pas? parce que c'est la vie de nos âmes, et que nous voulons vivre en nous ai- mant ou mourir pour nous réfugier encore dans les ex- tases d'un amour sans fin !.. Sais-je vous dire autre chose sinon que je -vous aime ?.. que je t'aime, ô ma sœur ché-