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224 LA FONTAINE DU DIABLE. n'a qu'un regard superficiel, croyait naïvement, en voyant cette existence quasi-princière, que rien n'était plus heu- reux que mademoiselle de Faventines, d'autant que cha- cun en faisait un touchant éloge. Ah! certes , jamais éloge mieux mérité» mais jamais aussi prisme plus trom- peur que celui avec lequel on s'imaginait voir dans sa jeune vie ! D'ailleurs, la comtesse, auprès des étrangers, savait jouer tous les rôles, et se serait même fait passer pour victime, pour peu qu'on lui eût aidé dans ce stratagème. Mais comme elle n'était nullement sympathique, tout en ne soupçonnant pas l'entière vérité, on ne pouvait arri- ver à la plaindre. Laissons ce portrait aux sombres couleurs, pour reve- nir à un sujet plus intéressant. Le comte de Faventines, sa femme et leur Elisabeth étaient dans les Pyrénées depuis quelques jours. Made- leine restait, au logis, avec la gouvernante et deux autres bonnes qui l'adoraient. Dans ce moment-là , elle se trou- vait à travailler dans sa chambrette de jeune fille, nid délicieux qui reposait le regard et faisait sourire î II était bleu tendre, avec de légers rideaux blancs, au travers desquels se tamisait notre lumière méridionale. La porte- fenêtre gothique, enguirlandée de roses, s'ouvrait sur une petite terrasse qui contenait des vases de fleurs, soi- gnés par Madeleine avec amour. La plupart ne lui avaient- ils pas été offerte par Joseph? —-Une cage, suspendue au balcon, gardait prisonnières deux aimables fauvettes, à tête noire, dont la voix suave éveillait si doucement Madeleine ! Encore un don du frère bien-aimé ! Aussi les préférait-elle à tout le reste de ses petites posses- sions. Ses richesses naïves consistaient su une mignonne bi-