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                  LA FONTAINE DU DIABLE.                2'25

bliothèque, véritable objet d'art; en quelques peintures
assez bien réussies, ayant pour sujets des enfants, des
paysages et des fleurs. Au milieu de tout cela, le portrait
de sa mère, gracieuse et belle comme une madone de Ra-
phaël , le portrait de sa mère s'épanouissait pour rece-
voir les témoignages d'une touchante adoration. Puis, à
côté, on pouvait voir une simple ébauche, mais bien pré-
cieuse pour son jeune cœur, l'image de Joseph, sculptée
à miracle par les mains novices d'André le blondin! Oh !
l'univers entier était là pour Madeleine.
   Sur sa petite table, non loin d'un délicat travail de bro-
derie blanche,se trouvait un manuscrit souvent feuilleté.
C'étaient les premières poésies de Joseph, les premiers
élans d'une âme privilégiée. La jeune fille les avait vou-
lues, comme un trésor qu'elle pouvait apprécier, et tout
son bonheur était de les lire et de les relire. Auprès de
l'enfant, une belle harpe savait encore parler d'harmonie;
pendant que les doigts blancs et fins de mademoiselle de
Faventines erraient sur les cordes frémissantes, son es-
prit s'élevait dans un horizon plus vaste ; c'était l'ineffa-
ble prélude de ce cœur d'or qui faisait battre le cœur
 d'un poète,
    Son rêve était empreint des plus roses lueurs de l'ado-
 lescence, lorsqu'on frappa à la porte de la chambrette
 bleue.
    — Entrez, dit Madeleine.
    — Madame Diane de Poitiers vous attend au salon,
 mademoiselle, veuillez descendre,
    Madeleine se présenta avec aisance, avec grâce, avec
 une dignité ingénue devant la duchesse.
    — Ma belle enfant, je suis enchantée de vous voir !
    Permettez-moi de vous embrasser, ma gentille fillette;
 je viens vous chercher pour une petite promenade à la
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