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214               LA FONTAINE DU DIABLE.

de la fille du comte de Saint-Vallier, de la duchesse de
Valentinois, ni plus ni moins !.. Voilà André bien sûr
d'arriver à la gloire en entrant chez le fameux Jean
Goujon. Nous connaissons madame Diane de Poitiers.
Elle est hautaine avec les courtisans, mais très-bonne
avec ses inférieurs ; je suis persuadée qu'elle protégera
son petit compatriote.
   Une fois dans la maison, comme on discourait chau-
dement sur l'avenir d'André le blondin , Yvonne sourit
de nouveau... un jeune homme de haute taille se trou-
vait sur le seuil de la chaumière.
   — Entrez, mon fils, dit-elle avec joie.
   Le beau Joseph, car c'était lui , s'avança vers elle,
l'embrassa sur les deux joues , et se tournant vers MIle
de Faventines, il s'inclina aussitôt, lui prit la main, qu'il
baisa tendrement, et s'assit devant sa nourrice et sa
 sœur.
   Il eût été difficile de trouver une plus belle tête, sur-
tout sous le rapport du rayonnement de l'intelligence.
Sur son front très-élevé, dans son regard bleu , plein de
mâle profondeur et de vive lumière , le génie éclatait.
Cette expression originale et saisissante était tempérée
toutefois par un air de bonté charmante et d'incontes-
table franchise. Une moustache d'un brun clair ornait
 sa lèvre, qui respirait la douceur, et ses cheveux châ-
tains, relevés sur son grand front, lui seyaient à mer-
veille. L'ovale et la pâleur de sa figure avaient un cachet
de distinction native. Il était beau , spirituel et tendre;
trois qualités que les cocodès de nos jours ne possèdent
guère. Sa voix était particulièrement harmonieuse, —
une voix de poète ! — elle avait des inflexions cares-
santes qui venaient d'une belle âme. Ses dix-neuf ans
avaient sonné depuis peu. C'était le fils aîné d'une très-