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                   LA FONTAINE DU DIABLE.                 213

     — Chère enfant, votre frère Joseph est grand aujour-
  d'hui, et les soucis arrivent...
     — Alors, pourquoi ne les dit-il pas à sa Madeleine?..
 Je n'ai pas changé, moi, je ne changerai jamais !...
    —Vous l'oublierez, mamzelle, quand vous aurez épousé
 le jeune baron de Orussol...
    L'enfant se leva d'un bond :
    — Qui parle de me marier avec le fils du seigneur voi-
 sin?.. On peut me briser le cœur, mais l'enchaîner con-
 tre ma volonté , jamais ! Je suis tout à la fois dauphi-
 noise et bretonne; c'est dire que j'ai l'indépendance
et la fierté de mes deux pays!... c'est dire que Made-
leine de Favenlines devine sa destinée et que l'on ne
réussira pas à immoler son âme de toutes les façons !..
    La jeune fille s'était transfigurée ; elle avait une véri-
table auréole; c'était l'ange de l'innocence pressentant le
dévoùment et l'amour ; c'était la femme qui se révélait
par son côté le plus noble ; on se fût mis à genoux devant
elle.
    Yvonne la considérait avec affection et respect. Elle
savait tout ce que son enfant avait dans le cœur de qua-
lités précieuses; elle en était fière, elle l'admirait peut-
être plus encore que si elle eût été sa propre fille, et
n'était pas fâchée, du reste, de comprendre pour qui la
noble enfant allait garder son amour.
    — Mais je te rends triste, mère , dit Madeleine, en-
trons maintenant dans ta maisonnette, et parle-moi de
mon frère André.
   Chemin faisant, la nourrice raconta la scène de l'o-
rage ; elle dit que le jeune garçon s'était rendu à l'appel
de la belle dame et qu'il se trouvait en ce moment à
Etoile.
   — Le château d'Etoile! madame Diane !.. mais il s'agit