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L'OKDKE DU MOMENT. •135 AUX FBERES ET SŒURS DU MOMENT. Des bons moments, messieurs les amateurs, Vous qui trouvez tant de charmantes sœurs, Qui cultivez des roses sans épines, Vous êtes tous et cousins et cousines Des francs-maçons. Sur vos rubans lilas, Sur vos secrets on ne s'abuse pas. De bons dîners vous parfumez vos heures, Et l'on entend sortir de vos demeures Plus d'un niais ou comique refrain Propre à berner ce bon Monsieur Praslin, Et le grand-maitre et la grande-maîtresse S'en vont par-ci, et puis encor par-là ... Pour le moment, taisons-nous sur cela. Maintenant je vais conter l'histoire de la charmante Mion, sur le nom de laquelle un chevalier du Moment avait fait cet acrostiche : S ignonne fleur, pâquerette eauseuse, M nstruit, dit-on, tout cœur qui veut savoir, O r tout oracle, ô belle curieuse, 2 e sait offrir que le blanc pour le noir. Je ne puis pas dire quelle était la famille de cette d e - moiselle ; mon père m'apprend seulement qu'elle était de Voiron, et qu'on l'avait surnommée Marguerite parce qu'elle avait la manie d'effeuiller sans cesse des margue- rites pour connaître le destin. Voulait-elle savoir si son serin et sa serine auraient des petits mâles dans leur n i - chée ? vite, elle effeuillait une marguerite. Elle en met- tait sécher dans des livres, comme dans un herbier, pour avoir des oracles en hiver. Voulait-elle savoir s'il fallait mettre sa robe rose ou sa robe vert céladon ? elle effeuil- lait une marguerite en disant : vert, rose, vert, rose, etc. •Si les messieurs qui lui faisaient la cour l'aimaient beau-