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LE MYTHE D*IO, 121 compte d'une partie de la fable, elle est manifestement inap- plicable aux autres parties. Cette vapeur d'eau personnifiée dans lo, comment devient-elle, aux bords du Nil, mère d'Epaphus ? Que signifie sa maternité virginale ? Comment s'est-elle identifiée aveclsis et, en général, avec les déesses vierges et mères de l'Orient? Sans doute, et nous l'avons montré, les diverses parties du mythe ont des origines distinctes et doivent s'expliquer isolément ; mais du moins on comprend qu'elles aient pu se réunir et se souder pour former un tout. La prétendue explication de M. Forchham- mer ne saurait y trouver place ; elle est inconciliable avec le caractère purement humain de l'Io d'Hérodote, comme avec le caractère astronomique de déesse lunaire qu'elle a manifestement dans la partie de la fable où elle est unie à Hermès et à Argus. Le rôle que joue lo dans la mythe de la mort d'Argus suffit à démontrer que les Grecs ont vu en elle tout autre chose qu'un symbole de l'eau ou de la vapeur. Nous avons montré que c'est un symbole de la lune, dont ses courses errantes représentent les phases et la marche en apparence irrégulière, dont sa métamorphose et ses cornes représen- tent le croissant. L'interprétation ici est certaine et ex- clut toutes les autres. Dès lors M. Forchhammer est contraint de faire cette distinction: lo, pour la généralité dès Grecs et dans le mythe primitif, représente la lune; néanmoins Eschyle, peu soucieux du vrai sens de ce symbole, l'a détourné à des idées toutes différentes. Mais à cela que d'objections ! Eschyle est athénien. S'il a observé la marche habi- tuelle des nuages et s'il s'y intéresse, c'est sans doute celle des nuages qui s'élèvent de l'Attique. D'où viendrait cette étrange prédilection pour les vapeurs de l'Inachus? Pou-