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120                    LE MYTHE D'JO.

en vache, par ce que le taureau et la vache sont des sym-
boles de l'eau courante. Héra, la Junon grecque, est la
déesse des nuages, par là même épouse et sœur de Zeus,
et ainsi rivale d'Io. Enfin il n'est pas jusqu'à la mouche
cruelle, le taon, qui n'ait sa place dans cette histoire. Il
représente le vent, qui chasse les nuages devant lui et les
fait tourbillonner comme des troupeaux affolés.
    Or, s'il faut en croire M. Forchhammer, la direction que
les vents et les courants impriment aux vapeurs sorties
 de l'Argolide, c'est précisément celle qu'Eschyle donne
 aux courses d'Io. Il essaie de le démontrer, d'un côté par
 une analyse détaillée des trois récits du Prométhée et des
 Suppliantes, de l'autre par une série d'observations recueil-
lies en Grèce, en Thrace, en Asie, en Egypte par divers
 voyageurs.
    Nous ne suivrons pas l'ingénieux écrivain dans cette
 étrange interprétation des vers d'Eschyle,oùil nous apprend
 que la chambre virginale d'Io c'est la plaine d'Argos, où
 séjournent d'abord les vapeurs ; que la mort d'Argus c'est
la sécheresse de l'été ; que les Gorgones ce sont les vents
 brûlants de la Mésopotamie. Cette explication n'a pas en-
 traîné la conviction de ceux à qui elle s'adressait. A la fin
 de la brochure est résumée, comme dans les actes de nos
 congrès scientifiques, la discussion qui suivit la lecture.
MM. SchOmann, de Greisswald, et Bruggemann, de Berlin
contestèrent par de bonnes raisons les conclusious de leur
collègue. Toutefois, dans une assemblée française les ob-
jections auraient été présentées avec plus de force, et l'in-
vraisemblable système du savant mythographe plus pé-
 remptoirement refuté.
  On lui aurait dit d'abord que, même dans Eschyle, les
voyages d'Io ne sont pas toute son histoire. Quand même
cette explication physique et météorologique rendrait