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                        LE MYTHE »'lO.                   117

 imaginée sans doute par quelque poète maladroit, et dont
 la critique ne doit point tenir compte.
    Enfin nous en avons noté plusieurs autres qui sont nées
 de la langue, et où les mots ont créé l'idée. Sans compter
 le faucon d'Àpollodore, évidemment couvé dans l'oeuf
 d'un contre-sens, les rapports d'Io avec le Bosphore et la
 mer Ionienne sont des associations d'idées produites par
 la ressemblance des noms. Si l'on admet le récit des sages
 de la Perse et de la Phénicie, il faut admettre aussi que le
 nom de la jeune Argienne est la vraie cause de sa trans-
 formation en divinité lunaire.
    Mais il serait injuste envers l'école étymologique de
 réduire sa part à ces minces détails. Elle en a une beaucoup
plus grande. À elle sans doute doit revenir l'honneur d'ex-
pliquer la partie capitale decette fable, le mythe d'Argus et
 d'Hermès. Ce mythe appartient aussi, nous l'avons vu, à
l'école symbolique. Mais ces deux doctrines si opposées,
si inconciliables'en apparence, ne le sont point en réalité.
Pour prendre les exemples favoris de M. Max Millier et de
ses disciples, pourquoi les interprètes pythagoriciens et
stoïciens ont-ils pu faire de Typhon le symbole de l'orage,
sinon parce qu'il était à l'origine l'orage même ? Anaxa-
gore n'avait-il pas raison de voir dans les traits d'Apollon
les rayons du soleil, puisque originairement c'était la
même chose? Il y a sans doute une seconde espèce de sym-
boles, tout à fait artificiels et arbitraires, par exemple
la fameuse allégorie de la toile de Pénélope, qu'on attri-
bue, sans preuves suffisantes il est vrai, au même Anaxa-
gore. C'est l'abus du système, qui ne doit point nous rendre
injustes envers tant de symboles, où l'interprète n'a fait
que retrouver et mettre en lumière un rapport exact de la
fable et de la réalité, des choses et des mots. Ce rapport
perdu, les étymologistes le cherchent par les mots,les sym •