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H2                     l,E MYTHE D'iO.

mais encore l'ennemi de Dieu et de l'humanité s'était atta-
ché à les tromper pour les perdre. Il avait attiré à lui
les adorations qui ne sont dues qu'à Dieu. Bien plus, con-
naissant à l'avance, par la prescience qui est un reste de
son ancien état, le grand acte de la Rédemption, le grand
effort de la bonté divine pour reconquérir et sauver le
genre humain, il avait mis son habileté à profaner d'a-
vance ce mystère, à l'envelopper d'erreurs, à le souiller
par le mélange d'éléments impurs. De là les fables grossie-
reset souvent immondes qui déshonorent dans les religions
païennes tant de grandes et admirables vérités; de là aussi
les infamies de leurs divers cultes. C'est l'honneur de la
Grèce ' d'avoir été moins loin que les peuples de l'Orient
dans cette perversion. Les Grecs étaient retenus par le
bon sens, par la délicatesse, par le goût de la mesure en
toute chose, qui étaient les dons caractéristiques de leur
race. Toutefois, ce que nous avons cité des Suppliantes
d'Eschyle suffirait à montrer comment, môme en Grèce,
les idées les plus belles et les plus sublimes pouvaient se
mélanger d'impuretés.
    Au reste, les Pères de l'Église ne se sont jamais occupés
 du mythe d'Ioà ce point de vue. Il n'avait point assez
 d'importance à leurs yeux, ne leur présentant qu'une
 copie affaiblie des mythes orientaux. En effet, la maternité
originale d'Io est bien loin d'être un fait isolé et unique
 dans la mythologie. C'est par là, au contraire, que la fa-
 ble grecque tient le plus intimement aux mythes de
l'Orient, à ceux de l'Egypte en particulier. Isis, Pascht,
Àthor sont à la fois vierges et mères. Apis naissait tou-
jours d'une génisse vierge, fécondée par la sagesse di-
vine sous la forme du feu céleste, de même que la vache
mère de Phtah avait été fécondée par un rayon de soleil.
 Il était d'autant plus naturel d'appliquer cette idée à Io,