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LE MYTHE n ' [ 0 . US que l'identité d'Apis et d'Epaphus semble avoir été un fait généralement admis. Hérodote l'énonce à deux reprises (III, 27, 28) bien qu'il n'identifie nulle part Io et Isis. Il y a longtemps qu'on l'a remarqué, toutes ces déesses égyptiennes à la fois vierges et mères, toutes figurées par la vache, toutes représentant à la fois la lune et la fécon- dité terrestre, ne sont au fond qu'une seule déesse. Isis, Athor, Neith, Pascht, Termouthis {Mouth), à peine dis- tinguées par quelques attributs, par quelques légendes secondaires, semblent n'avoir été que les formes locales d'un type unique. La science moderne va même plus loin. Elle signale de capitales ressemblances entre ces déesses et celles qu'adoraient la Phrygie, la Syrie, la Babylonie, sous les noms de Cybèle, d'Astarté, d'Aschéra, de My- litta. Nous avons vu plus haut que l'Héra grecque, elle aussi, reine du ciel et mère des dieux, rentre dans ce type; qu'Aphrodite, ûéméter, Artémis semblent en être des fractions. Io en est une autre, moins importante et plus effacée. Si elle a été indentifiée particulièrement à Isis, c'est qu'Isis avait peu à peu supplanté ses rivales égyptiennes. Plus tard, elle devait supplanter toutes les autres, et ré- gner presque seule à Rome , en Grèce, en Asie mineure comme sur les bords du Nil. On attribue aux Alexandrins la fusion de ces mythes divers. M. Preller met à leur compte l'identification d'Io et d'Isis. Pour ce chef au moins il est facile de les disculper. Nous avons vu qu'Eschyle connaît Epaphus, c'est-à -dire Apis, suivant Hérodote, comme fils d'Io; les deux mythes sont déjà confondus. Les Alexandrins ont reconstruit l'u- nité des mythes, ils ne l'ont pas créée. L'histoire du pa- ganisme semble être celle de deux mouvements en sens contraires ; d'abord le morcellement , le fractionnement d'idées communes , à mesure que les races, les tribus, 8