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LE MYTHE l)'lO. !Ii des prophètes. L'histoire d'Io devient dès lors la traduction grecque, traduction fort altérée et fort mélangée d'élé- ments hétérogènes, de ce fameux verset d'Isaïe (VII. 14) annonçant la Vierge qui doit enfanter un fils. Ce ne sont point seulement, comme on pourrait le croire, les apologis- tes chrétiens qui développent ces idées et soutiennent ce principe. On les trouve, non sans étonnement, sous la plu- me d'un écrivain peu suspect de christianisme, M. Edgar Quinet, qui, dans le discours préliminaire en tête de son Prométhèe, s'attache à montrer dans ce mythe «un vestige de christianisme avant le Christ ; » et conclut par cette phrase significative : « Peut-être un jour viendra où Pin- dare, Eschyle, Sophocle, enfants du dieu de l'humanité, seront reconnus pour frères d'Isaïe, de Daniel et d'Ezé- chiel. » Les Pères de l'Eglise n'allaient pas aussi loin; mais ils se complaisaient dans des rapprochements où ils voyaient la confirmation de plusieurs des vérités qu'ils enseignaient: l'unité originelle du genre humain, l'unité des traditions historiques sur les premiers âges de l'humanité, l'unité des traditions religieuses, plus ou moins altérées chez les Gentils, mais conservées par la race d'Abraham dans leur pureté primitive ; c'est-à -dire l'unité des souvenirs et l'unité des espérances. Les longs rapports des Israélites avec divers peuples étrangers, les Phéniciens, les Assyriens, les Egyptiens, les Perses, leur paraissaient aussi expliquer suffisamment que les promesses des prophètes se fussent divulguées, sous une forme incomplète, altérée, obscur- cie, en dehors du momie juif. Mais quelques-uns d'entre eux y ajoutèrent une vue que la théologie moderne n'a point répudiée, Ils regardaient le paganisme comme l'œuvre du démon. Non-seulement les hommes avaient oublié les vérités qui leur avaient d'abord été enseignées ;